Syméon avait veillé son oeuf poilu tout l’été.
Il lui avait aménagé un nid douillet, en duvet d’Aedres, ces canards dont il avait la garde. Il avait appris auprès du vieux Tumiis des histoires à lui raconter ensuite le soir. Il avait même confié à son oeuf des souvenirs secrets qu’il n’avait jamais dit à personne. Et deux ou trois fois, il avait cru percevoir un petit toc-toc ou un léger tremblement, en réponse.
Aussi, ce matin-là, alors qu’il se penchait comme chaque jour de son lit clos pour saluer son oeuf, Syméon fut indigné.
Il ne restait plus dans le nid vide que la coquille éclatée.
L’oeuf avait éclos comme ça, sans prévenir.
Et le nouveau-né, quel qu’il soit, était parti sans la moindre reconnaissance pour celui qui l’avait adopté.
Bondissant de son lit, Syméon se mit frénétiquement à sa recherche, marmonnant des imprécations de maman poule éplorée à la poursuite d’un poussin disparu.