Fermez les yeux quelques secondes.

Une longue et lente respiration.

Prenez le temps de « sentir » le noir derrière vos paupières.

…Il est très tôt, là où je vous emmène. Le monde est encore teinté d’une légère parure de nuit. Parfois le chant d’un coucou ou d’une goutte de rosée dans le silence humide et feutré.

Tendez l’oreille un peu plus…là…le trottinement des pattes griffues qui font rouler les cailloux…

 

« Deux verts des murailles à 12 ioms, plus un doré à 19 ioms et un magnifique crête rouge qui fera bien au moins dans les 50 ioms, donc 81 ioms. Plus la vente des grenailles blanches et des chlorophylles » – Pappolène lui laisse toujours une petite commission pour la cueillette – « disons, allez 20 ioms supplémentaires… »

Elzéar jubile.

Avec ce qu’il a déjà économisé, il possède maintenant de quoi faire son voyage jusqu’à Tref et assister au grand Kouzbashik, cet été, le plus gros tournoi de la saison ; trois jours de matchs et de festival, où il pourra voir et approcher peut-être les guerriers mythiques.

Le nhourson cavale sur le chemin du retour.
Sorti de la zone des rocailles, il grimpe à la Huche-Corne, petite colline escarpée, vestige d’un ancien poste de guet. Bondissant sur le rocher de tête, il crie un retentissant salut au soleil. À ses pieds, les premiers rayons viennent dorer les mèches des arbres encore tout ensommeillés dans leurs couvertures de brume. Plus bas, la vallée, sa maison, et derrière, Silvacane le village, au-delà, la plaine entrecoupée de champs et de bosquets de marronniers.

Un dernier long regard enveloppant cette vue qu’il adore, et Elzéar reprend sa galopade, débordant d’une joie sauvage : les lézards et la promesse du festival, la belle cueillette – Pappolène sera contente – son pays, tout autour, le matin glorieux, rien que pour lui, et son froid piquant et puis le chocolat, chaud et crémeux qui l’attend…

Une prochaine fois, je vous ferai entrer à l’intérieur…

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